Installation sculpturale, mouvante et sonore – 2022
Céramique, verre soufflé, latex, liquide, tuyaux, métal, pompes, haut-parleur
Sculptures en verre réalisées en collaboration avec l’atelier Vetromaghie de Nadia Festuccia, Rome- Italie
Son: Timothée Couteau , Voix : Hani Mojtahedy Production dans le cadre du Prix WICAR, la résidence de la création de la Ville de Lille à Rome
Se fondant sur l’imaginaire du jaillissement et de la jouissance que lui inspirent les fontaines sur les places romaines, Yosra Motjahedi conçoit une œuvre matricielle. Son point de départ s’ancre dans les ouvrages d’anatomie et de dissections, où la pulsion scopique – de voir et de posséder l’autre par le regard – se confond avec celle libidinale. De sa rencontre avec la souffleuse de verre Nadia Festuccia, elle élabore une sculpture en circuit fermé où semblent transiter des fluides corporels et du lait maternel, si ce n’est celui de la louve légendaire à l’origine fratricide de Rome. Organes sans corps, fossiles mutants, écorchés ou peaux de silicone, flux et reflux activent alors une sculpture vivante, voire une mécanique du désir. L’aspect organique résulte d’une robotique, où le mou et le dur, l’animé et l’inanimé, le profane et le sacré s’interpénètrent dans une danse sensuelle de chairs, de matières, de câbles et de liquides.
La femme effraie, alors pour la tranquillité et l’ordre d’un monde organisé par les hommes, on la cache, l’enferme, lui refuse tous désirs. Iranienne, Yosra Motjahedi développe une œuvre polymorphe qui puise dans les pulsions libidinales matière à échauffer les instances patriarcales. Tout à la fois dark comme l’énergie sombre qui compose 70 % de l’univers et mélancolique comme le cri des Iranien·nes persécuté·es, son œuvre se veut un trait d’union entre les règnes pour mieux déstabiliser les frontières et les hiérarchies. De ses dessins enveloppants, dont les entrelacs et les motifs érotiques se projettent sur les sculptures, aux interactions avec la machine, ses œuvres hybrides s’animent afin de créer des espaces-temps déphasés, nous reconnectant paradoxalement avec le monde.
Texte écrit par Marion Zilio
Remerciements:
Nadia Festuccia, Rana Gorgani, Marion Zilio, Espace Le Carré, Place Cavour, Emilie courtel, Valérie Boubert, 3CINQ Centre d’art contemporain, Le Fresnoy Studio national des arts contemporains, Matthieu Du jardin, UH5, Helene Soete.
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